Trahison dans une Famille Déchirée

Confrontation dans la Salle à Manger

Dans la salle à manger chaleureusement décorée de plantes vertes et d’un grand lustre suspendu, six personnes étaient réunies autour d’une grande table en bois. Une nappe claire recouvrait la surface, tandis qu’un vase de fleurs fraîches trônait en son centre. Les tasses, assiettes et verres étaient encore à demi pleins. Au milieu, près de la table, Camille — une femme dans la trentaine, brune et élégante dans son chemisier vert fleuri et son pantalon blanc — se tenait debout, la main sur le menton. Elle observait les autres avec une froide distance.

À sa gauche, deux femmes âgées étaient assises. L’une, Madeleine, aux cheveux grisonnants relevés en chignon strict, portait un cardigan rose pâle. L’autre, Simone, ses boucles argentées lâches sur les épaules, fixait sa tasse avec une expression de malaise. Sur la droite de Camille, Louis, un jeune homme brun habillé d’une chemise bleue, tapotait nerveusement sur son téléphone. Derrière eux, debout et silencieux, Jean dans sa veste en jean croisa les bras, tandis que Philippe, en chemise rouge, observait la scène d’un air tendu.

— Tu n’avais pas le droit de signer ça sans moi, Jean ! — éclata Camille, sa voix nette comme un coup de couteau. — C’était notre affaire. Pas la tienne. Pas à ta sœur !

Silence. Madeleine baissa la tête.

Jean ne répondit pas tout de suite. Puis il soupira :

— Camille… Le prêt était nécessaire. Le café ne tourne plus. Et tu sais que Philippe voulait racheter depuis des mois. Il nous a proposé une somme… qu’on ne reverra plus jamais.

— Non. Il t’a pris pour un idiot, et toi, tu t’es laissé faire. Tu as vendu les parts. Mes parts. Derrière mon dos ! — Elle frappa légèrement la table du plat de la main. Les tasses tintèrent. — Tu comprends ce que ça veut dire ? Je n’ai plus rien !

Louis leva enfin les yeux de son téléphone.

— Camille… Tu es dure là. Jean a juste essayé de nous sauver. Ce n’est pas comme s’il avait pris l’argent pour s’acheter une voiture, hein…

— Ah non ?! — répliqua-t-elle avec colère. — Et ces virements à la société de ta femme, Louis ? Ces 12 300 € disparus du compte commun l’hiver dernier — ça aussi, c’est pour « nous sauver » ?

Le silence se fit glacial. Tous restaient figés.

— Je n’en savais rien… — murmura Philippe.

— Bien sûr que si. — Elle pointa du doigt le dossier posé à côté du vase. — Voici les preuves. Vous vous êtes tous servis dans la caisse, petit à petit. Pendant que moi, je bossais 70 heures par semaine pour que la librairie-café survit. Et vous, vous prépariez sa mise à mort.

Madeleine s’essuya nerveusement les mains sur sa jupe.

— Ma chérie… on pensait que c’était pour le bien de tous. Rien n’est personnel dans tout cela…

— Tu veux dire comme quand tu as mis mon nom comme garante du prêt de ta maison de campagne, sans m’en parler ? — Camille tourna lentement la tête vers elle. — J’ai failli être fichée à la banque parce que Madame a oublié de payer son échéance trois mois de suite.

Simone tenta timidement de détourner la conversation.

— Et si on essayait de trouver un terrain d’entente ? Un arrangement ? On est une famille, non ?

Camille éclata d’un rire amer.

— Une famille ? Une bande d’escrocs, oui. Des manipulateurs. Tous. Vous vous cachez derrière ce mot dès que ça vous arrange.

Elle attrapa son sac, y glissa les documents.

— À partir d’aujourd’hui, vous ne pourrez plus utiliser mon nom, ni mon travail, ni mes ressources. Vous n’avez plus rien de moi.

— Mais… Camille ! — Jean tendit une main vers elle.

Elle recula d’un pas.

— Tu as tout choisi, Jean. L’argent, l’avidité, les combinaisons. Tu n’as plus le droit de m’appeler ta partenaire. Encore moins ta cousine.

Elle sortit sans se retourner. La lourde porte de la salle à manger se referma derrière elle lentement, coupant le murmure des regrets juste avant qu’ils ne deviennent des excuses.

Dans un coin de la pièce, la cafetière émettait toujours de faibles gargouillis. Personne n’y fit attention.

Les Règles du Jeu Changent

Camille dévala les escaliers, la colère pulsant dans ses tempes. La douceur de son café avait laissé place à l’amertume du désespoir. Elle s’arrêta un instant sur le palier, hésitant à quitter définitivement ce qui avait été son refuge. Mais l’idée de Jean, souriant et insouciant, la hantait. Qui avait vraiment trahi qui ? Ses pensées furent interrompues par le bruit des portes qui s’ouvraient derrière elle.

— Camille, attends ! — appela Louis, sa voix pleine d’inquiétude. Il émergea de l’ombre, une lueur de culpabilité dans ses yeux. — Je sais que tu es furieuse, mais nous pouvons trouver une solution.

Elle se retourna, les poings serrés.

— Une solution ? Après ce que vous m’avez fait ? Vous avez ruiné mes efforts, ma passion !

Louis s’approcha, implorant.

— Écoute-moi. Si nous travaillons ensemble, si nous faisons un vrai plan, peut-être qu’on peut reconstruire. Le café, ta passion… Ce n’est pas trop tard.

Elle soupira, tiraillée entre la rancœur et une lueur d’espoir. Le regard de Louis était sincère, mais pouvait-elle lui faire confiance ?

— Je ne sais pas… Mais je veux combattre pour cela. Ne le prenez pas comme acquit. Vous devrez gagner ma confiance, et cela va être un long chemin.

Il acquiesça d’un mouvement de tête, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres.

— Commençons par là. Je suis prêt à tout pour te prouver que nous pouvons renverser la vapeur.

À l’intérieur de la salle, les tensions restaient palpables, tandis que la cafetière continuait de gargouiller, comme un symbole de la vie qui persiste, malgré les défis. Camille savait que le vrai combat ne faisait que commencer.

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